De façon naturelle, les entraîneurs ont tendance à donner beaucoup de feed-back durant les séances d’entraînement. Toutefois, plusieurs études qui portent sur l’apprentissage arrivent à la conclusion que trop de feed-back donnés par une autre personne peut nuire à l’apprentissage du processus d’ajustement que l’athlète a besoin de faire lui-même pour performer en situation réelle de compétition. Force est de constater que trop de feed-back peut développer une dépendance de l’athlète face à l’intervention de son entraîneur. Cette dépendance ne pourra être comblée en compétition et provoque des contre-performances ainsi que des déceptions de part et d’autres. L’outil du « feed-back donné lors de performances hors-limite » conseille donc de donner moins de feed-back aux athlètes durant leurs apprentissages à l’entraînement. La stratégie consiste à identifier une zone optimale de réussite. Lorsque l’athlète présente un niveau de performance autour de cette zone, l’entraîneur ne donne pas de feed-back. Si l’athlète dépasse de manière signifiante le niveau désiré, soit par une performance nettement supérieure ou inférieure, l’entraîneur peut donner un feed-back. Le feed-back a aussi avantage à être différé, sous forme de résumé, après quelques essais (33 % des essais et moins). Il est également suggéré d’agrandir la zone où le feed-back n’est pas donnée au fur et à mesure que le niveau des athlètes progresse : Plus les athlètes sont experts, moins l’entraîneur a besoin de donner de feed-back. L’utilisation de cet outil nécessite un changement d’intervention de la part de l’entraîneur, il parle moins et observe davantage avant de réagir.

Quelques précautions sont à prendre pour utiliser avec succès le « feed-back donné lors de performances hors-limite ». Tout d’abord, certains athlètes peuvent se sentir délaissés par un entraîneur qui leur parle moins. Ils éprouvent des difficultés d’adaptation durant les premières séances d’entraînement. Ils cherchent l’assentiment de leur entraîneur à la suite de leurs essais. Il devient donc important d’expliquer brièvement le bien fondé de ce changement d’intervention. Lorsque cela s’applique, les parents et les administrateurs de clubs ont aussi besoin de se faire rassurer sur la nouvelle façon de faire.

Le complément idéal à cette stratégie est le « questionnement » des athlètes pour leur faire identifier les solutions qui leur sont disponibles pour résoudre les problèmes que posent les exigences réelles de la compétition. Le questionnement des athlètes doit s’orienter sur l’identification des repères de l’environnement qui les aident à prendre des décisions dans l’action. Qu’ils soient visuels, auditifs ou kinesthésiques ces repères ont besoin d’être concrets et nommés par l’athlète et l’entraîneur.

Précisons que les entraîneurs qui tentent d’utiliser le « feed-back donné lors de performances hors-limite » et le « questionnement » sortent eux aussi de leurs zones de confort habituel et passent par une courte étape de confusion quant à l’efficacité immédiate de leur intervention. Par contre, une fois établies, avec un peu de patience, ils sont à même de constater les résultats positifs en compétition.

Outre le « feed-back donné lors de performances hors-limite » et le « questionnement », l’ED propose cinq autres outils d’intérêts pour l’entraîneur qui désire améliorer le niveau de transfert des apprentissages des séances d’entraînement vers la compétition. La pratique variée, la pratique aléatoire, le feed-back vidéo, l’information complexe dès le début et le modeling sont des outils à découvrir et à expérimenter en utilisant les trois étapes décrites dans le livret de Joan Vickers « L’entraînement à la prise de décision » traduit par Jean-Pierre Brunelle et Janie Tramblay.

Jean-Pierre Brunelle, Ph.D Professeur Titulaire, Faculté d’éducation physique et sportive, Université de Sherbrooke, Canada.