La période des grandes vacances arrive souvent à point nommé pour rompre le cycle infernal des entraînements et des compétitions. On évoque parfois la fatigue, dont on ne sait plus bien si elle est d’ordre psychique ou physique. En tout état de cause, chacun s’accordera à reconnaître une certaine forme de saturation. Une coupure semble donc s’imposer afin de permettre à l’athlète de se régénérer.

Ça tombe bien, les vacances approchent. 15 jours, 3 semaines, au soleil, les doigts de pieds en éventail et le corps sera de nouveau d’attaque pour remettre ça de plus belle. Pourtant, après quelques jours sur le lieu de villégiature, on a l’impression que moins on en fait, plus on est fatigué. Le repos que l’on attendait tant, ne semble pas vraiment réparateur, alors que se passe-t-il ? D’autant qu’à la reprise, il faudra un certain temps avant de retrouver toutes les sensations.

Au risque d’en surprendre quelques-uns, il est aujourd’hui démontré qu’une coupure totale de 15 jours et plus, engendre non pas des phénomènes de régénération mais de dégénération. Sur le plan biologique, l’entraînement consiste (entre autres) à exercer sur l’organisme des contraintes afin de provoquer des adaptations. Ces adaptations sont multiples, elles concernent le système ostéo-articulaire (renforcement des os et des cartilages), le système musculo-tendineux (renforcement des muscles et des tendons), les systèmes fonctionnels de production d’énergie et enfin les systèmes neuro-cérébraux (aisance technique). Le sportif a transformé tous ces systèmes par des adaptations successives grâce à l’entraînement. Ceci fait de lui une personne biologiquement plus forte qu’un sédentaire. Un repos complet de 5 à 10 jours est sans véritable conséquence sur ces acquis, une interruption plus longue provoquera des désadaptations néfastes qui déstabiliseront et fatigueront l’athlète pendant son repos et rendront les reprises plus douloureuses et pénibles.

Vous l’aurez donc compris, il ne faut pas couper totalement trop longtemps. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas se reposer de temps en temps, bien au contraire (mieux vaut un peu souvent, qu’une fois longtemps). Mais pendant les grandes vacances, mieux vaut rester actif, surtout si on est fatigué. Mais il s’agira de pratiquer des activités physiques différentes (voir article sur le cross training dans la revue SSPP n°3). Peut-être se rendra-t-on compte alors que la saturation était plus psychique que physique.

Thierry Maquet : Université Paris 12
Christophe Richard/Corinne Bouvat :
Service départemental des Sports
Conseil général du Val-de-Marne