Le concept de «Giri» (義理), traduit souvent par « devoir » ou « obligation » en japonais, est profondément enraciné dans les arts martiaux et la culture japonaise en général. Ce terme, bien plus riche qu’une simple notion de « devoir », englobe des valeurs de loyauté, de respect, de responsabilité et d’engagement envers autrui et soi-même. Dans la pratique des arts martiaux, «Giri» incarne l’essence de la relation entre l’élève et le sensei, les partenaires d’entraînement, ainsi que la discipline personnelle. Explorons cette valeur essentielle qui enrichit et renforce la pratique martiale.

 «Giri» envers le sensei

En arts martiaux, le lien entre l’élève et le sensei est sacré. Le sensei n’est pas seulement un instructeur, mais une figure d’inspiration et de guide moral, portant sur ses épaules le poids des traditions et des connaissances transmises au fil des générations. «Giri» pousse l’élève à montrer du respect et de la gratitude envers le sensei, non seulement en suivant les enseignements avec assiduité, mais en s’engageant activement dans la voie du «bushido» (la « voie du guerrier »). Cet engagement sincère est une manière de rendre hommage au dévouement du sensei et de préserver l’intégrité de l’art transmis.

Dans la culture japonaise, le concept de «Giri» peut être parfois ressenti comme une « obligation morale » qui transcende le simple respect. L’élève doit aussi considérer la réputation et l’honneur du dojo. Toute action entreprise par l’élève peut être perçue comme un reflet du sensei, ce qui ajoute une dimension de responsabilité au «Giri» envers ce dernier.

 «Giri» envers les partenaires d’entraînement

Les arts martiaux ne peuvent être pratiqués isolément; ils nécessitent un partenaire, même dans les disciplines où l’on s’entraîne en solo, car l’environnement social du dojo contribue grandement à la progression de chacun. «Giri» implique ici de traiter ses partenaires d’entraînement avec respect et attention, car ils sont essentiels au développement mutuel. Dans la pratique, cela signifie offrir un soutien constructif, veiller à la sécurité de chacun, et être réceptif aux corrections et suggestions.

En japonais, il existe le concept de «uchi-deshi» (l’élève interne), où un apprenti réside dans le dojo et se consacre totalement à son apprentissage. Cela représente un des plus hauts niveaux de «Giri» : une vie entièrement dédiée à l’art, sous l’autorité du sensei et au service des camarades d’entraînement.

«Giri» envers soi-même

La notion de «Giri» ne se limite pas aux relations externes; elle s’applique également à l’individu, notamment en ce qui concerne l’autodiscipline et la persévérance. S’engager dans les arts martiaux implique des sacrifices personnels, des entraînements rigoureux et un engagement continu pour progresser. «Giri» pousse chaque pratiquant à rester fidèle à son propre chemin, à ne pas abandonner face aux défis et à rechercher l’excellence. Cette notion encourage aussi la réflexion personnelle et la rectification constante de sa conduite, car le pratiquant est en quête non seulement de maîtrise technique, mais aussi de développement personnel.

«Giri» et l’art de vivre

Au-delà du dojo, le concept de «Giri» s’étend à la vie quotidienne du pratiquant d’arts martiaux. Il nous rappelle que les principes de loyauté, de respect et de responsabilité doivent aussi guider nos interactions sociales et nos engagements dans le monde extérieur. Les arts martiaux ne sont pas simplement un ensemble de techniques; ils incarnent une philosophie qui nous incite à vivre en harmonie avec autrui, tout en restant fermement ancrés dans nos valeurs.

Conclusion

Le concept de «Giri» dans les arts martiaux transcende la simple notion de devoir pour embrasser un engagement moral profond envers soi-même et les autres. Il nous invite à honorer nos liens avec le sensei, nos partenaires d’entraînement, et à cultiver une autodiscipline rigoureuse. Cet esprit de devoir contribue à renforcer la communauté martiale et à faire de chaque pratiquant un gardien de la tradition, porteur de respect, de loyauté et de sincérité. En intégrant «Giri» dans sa pratique, l’adepte d’arts martiaux s’engage non seulement à maîtriser un art, mais à incarner un mode de vie noble et inspirant.