Les effets de différentes méthodes d’imagerie sur la performance motrice sont équivoques. Entre imagerie visuelle externe (s’imaginer réaliser le mouvement du point de vue d’un observateur extérieur), imagerie visuelle interne (s’imaginer réaliser le mouvement du point de vue de l’exécutant) et imagerie kinesthésique (s’imaginer ressentir les sensations éprouvées lors de l’exécution du mouvement), les résultats sont contradictoires.

Ceci pourrait être dû à la confusion entre imagerie visuelle interne et imagerie kinesthésique, mais également au fait que certaines méthodes conviendraient mieux à certaines spécialités sportives selon qu’elles appartiennent aux habiletés ouvertes (soumises aux incertitudes d’un environnement instable) ou aux habiletés fermées (réalisées dans un environnement stable), et/ou concernent un niveau de pratique particulier.

Méthode :

  • Population : 25 karatékas (17 hommes et 8 femmes; âge moyen 25 ans) expérimentés (entre le 4e Kyu et le 1er Dan) sans connaissance du Kata proposé.
  • Tâche : apprentissage du Kata « Jion » (52 éléments).
  • Conditions d’entraînement : avec imagerie visuelle externe, avec imagerie visuelle interne, sans imagerie (condition contrôle : avec stretching).
  • Procédure :
    1.  6 séances d’apprentissage initial de 1 heure pendant 2 semaines (concernant la présentation de la technique du Kata et des techniques de représentation),
    2. 8 séances d’entraînement de 1 heure pendant 3 semaines dans une des conditions d’entraînement pour chacun des 3 groupes,
    3. un test de rétention après 2 semaines d’arrêt d’entraînement au Kata.
  • Paramètre mesuré : la qualité technique des mouvements est évaluée par 5 juges selon la grille de notation officielle.

Résultats (voir figure 1)
Il n’y a pas de différence entre les groupes au test 1 après l’apprentissage initial. Au test 2, après 8 séances d’entraînement particulier à chacun des groupes, le groupe imagerie visuelle externe (Im Vis Ext) réalise un meilleur score que le groupe imagerie visuelle interne (Im Vis Int), qui lui-même fait mieux que le groupe contrôle (streching). La même hiérarchie se retrouve au test de rétention, 2 semaines plus tard.

Conclusions
L’imagerie visuelle externe est supérieure à l’imagerie visuelle interne pour l’apprentissage d’un nouveau Kata pour des karatékas ayant une expérience. Cette imagerie externe, permettant d’avoir une représentation générale du mouvement à produire, serait plus utile en début d’apprentissage d’un mouvement nouveau, même chez des sportifs déjà expérimentés. Ceci ne contredit pas le fait que, plus avant dans l’apprentissage, une imagerie interne, donnant une représentation de soi-même face à un adversaire imaginaire, pourrait être plus efficace.

Thème(s)
Préparation à la performance

Source Primaire
L. HARDY et N. CALLOW Journal of Sport & Exercice Psychology 21, 95-112,1999

Rédacteur
Yves KERLIRZIN Laboratoire Mouvement, Action et Performanc, Département des Sciences du Sport, INSEP