Il arrive ponctuellement qu’on nous contacte afin de savoir à quel âge débutent les cours d’arts martiaux comme le karaté. Chaque centre d’arts martiaux décidera de l’âge minimum en fonction de la philosophie du dojo et des aptitudes des professeurs, car initier des cours de karaté pour des enfants de 3 ans ou 5 ans n’est pas donné à tous.

Le karaté est un art martial qui peut facilement s’adapter, dans sa pratique, aux besoins de tous et chacun (enfants, adolescents, adultes et personnes ayant des limitations fonctionnelles) mais demande d’être modulé par rapport aux pratiquants. Au Centre d’arts martiaux Larry Foisy, nous offrons des cours de karaté à des enfants aussi jeunes que 3 ans.  Certains cours sont donnés au dojo, mais d’autres sont également dispensés directement dans les centres de la petite enfance (CPE), dans les écoles primaires ou en salle. À l’âge de la prématernelle et maternelle il faut aborder le karaté comme une activité de psychomotricité : fonction de l’être humain qui englobe le psychisme (émotions, imagination, cognition…) et la motricité (mouvements, tonus, postures…) en vue de s’adapter à son environnement. Enfin, la psychomotricité est une technique qui utilise le corps, l’espace et le temps dont l’objectif est de permettre à la personne d’expérimenter son corps et son environnement immédiat afin d’y agir de façon adaptée. (Delièvre& Staes ,2006) [1].

La psychomotricité fonctionnelle vise un objectif précis et une progression déterminée, balisée par des objectifs à court, moyen et long terme. En effet, l’approche par objectifs à court, moyen et long terme (ex. prise de conscience de soi, maîtrise de soi et connaissance de soi) permet une bonne objectivation des progrès de l’enfant. Tout apprentissage implique une expérimentation, qui dans le cas des enfants, implique le corps dans sa globalité. Bien évidemment, les cours offerts suivent le développement cognitif des enfants en bas âge et est rattaché à du concret/connu/vécu pour faciliter l’apprentissage.

Le karaté est utilisé ici comme complément à la psychomotricité en utilisant les arts martiaux pour bonifier les interactions avec le sensei. Ainsi, le professeur de karaté est non seulement un symbole d’autorité, mais aussi une représentation réelle de l’imaginaire collectif à propos de la pratique des arts martiaux. C’est par ce fait même que l’instructeur de karaté- psychomotricien permettra à la fois d’induire les valeurs des arts martiaux (respect, contrôle de, confiance…) à un développement social et moteur. Par l’enseignement du karaté, l’instructeur pourra accentuer la promotion de la non-utilisation de la violence à l’école et à la maison pour exprimer sa colère ou régler des conflits. Le fait de pouvoir frapper dans le vide, dans une cible ou de crier de façon contrôlée permettra l’expression réprimée de l’agressivité, et permettra de renchérir par la dichotomie entre l’utilisation de coups faits lors d’une séance encadrée et à l’extérieur de celle-ci. Parallèlement, tout au long des enseignements de karaté, l’enfant pourra s’approprier un moyen efficace de détente (ex. relaxation active, exercices de respiration).

Une séance de karaté est protocolaire :  un cadre à la fois rigide et souple est offert à l’enfant. Rigide dans ses routines d’ouverture et de fermeture de séances basées sur le respect mutuel et le concept « consigne claire et conséquence claire », dont les enfants ont besoin pour se sentir dans un univers connu et sécurisant. Souple par le contenu pédagogique d’une séance qui est variée et évolutive, permettant d’intégrer la motricité et le psychisme.

Les mouvements du karaté sont enseignés également de manière traditionnelle, soit par mimétisme de façon directe (consigne spécifique à reproduire) ou de façon indirecte par un entraînement prise de décision. (Ex. face à un obstacle, tu dois atteindre la cible avec ton pied… comment t’y prends-tu ?).

Bref, le Karaté peut débuter dès l’âge de 3 ans, dans la mesure où le pédagogue possède les aptitudes, les connaissances et la capacité d’adaptation nécessaire pour travailler avec cette clientèle particulière.

[1] Delièvre,B., Staes,L. (2006). La psychomotricité au service de l’enfant. Bruxelles (de Boeck).